Retour d’Angola après une troisième mission effectuée en Afrique. J’arrive à l’aéroport Charles de
Gaulle par -6°C. En plus du choc thermique, je souffre plusieurs jours durant d’un certain « décalage
culturel ». Les formations et les accompagnements individuels qui m’occupent largement à mon
retour, m’amènent à travailler avec des responsables d’équipe sur leurs processus de changement, ce
qui va de pair avec l’écoute et la prise en compte de leurs difficultés et de leurs plaintes. L’attitude de
la plainte, au-delà de tout jugement moralisateur, me semble être un mode spécifique de relation de
son travail et à sa vie. Et un mode assez français.

En Afrique, il m’est arrivé une anecdote qui n’est pas si étrangère au sujet de ce billet. Voulant prendre
une douche, je me rends compte que l’eau coule à peine et je me lave pendant deux jours avec un filet
faiblard, persuadée que je me heurte là à un dysfonctionnement usuel du quotidien africain. Lorsque
je me décide, au troisième jour, à le signaler à la réception, on m’envoie immédiatement un employé
qui répare la douche et me rend le débit idéal ! Nos plaintes et nos frustrations ne sont-elles pas
souvent le résultat de nos représentations ?
Et si pour obtenir ce que nous souhaitons, nous
commencions par le demander
en laissant largement ouverte la possibilité de l’obtenir !
Chez les managers, la plainte fait place à toutes sortes d’injonctions : « Il faut que je parle à ma
hiérarchie ou à mon collaborateur, il faut que je prenne du recul pour réfléchir, il faut…je devrais…».
Injonctions le plus souvent sans effet.
Et si nous abandonnions ces postures d’impuissance, de plainte ou d’injonction, en devenant…. acteur
de notre vie.
C’est fait, la tarte à la crème du développement personnel est lâchée et risque de
rejoindre illico la liste des vaines injonctions.

A moins que nous ne tentions d’appréhender le processus qui permet de transformer la résolution en
projet. Les stoïciens déjà prônaient de ne désirer que ce que nous pouvions obtenir mais il y avait chez
eux du renoncement. Plus tard, Descartes propose de « changer ses désirs plutôt que l’ordre du
monde » et chez lui, il s’agit d’une philosophie de l’action. « Faire de son mieux » suggère-t-il et le
projet devient réalité ou bien il s’avère irréalisable, je le sors naturellement de mes désirs.

Le mot « acteur » (de sa vie) désigne à la fois la personne qui joue le rôle principal dans l’affaire de sa
vie et celle qui interprète des rôles imposés et fait son affaire de cette contrainte. Ainsi donc, je peux,
à partir d’éléments que je ne choisis pas (un patron, une équipe, une décision, un trait de mon propre
caractère) trouver une voie d’action pour « faire au mieux » et rendre possible ce qui peut l’être. Ne
serait-ce pas là la différence entre agir et faire, entre une injonction – il faut – et une décision – je fais
cela en ayant endossé le sens de cet acte – car il contribue à me rendre maître de mon destin. N’ayons
pas toujours peur des grands mots !

Je laisse le mot de la fin à Gandhi : « Notre pouvoir ne réside pas dans notre capacité à refaire le monde,
mais dans notre habileté à nous recréer nous-mêmes ».
Allez, je vous laisse méditer. N’oubliez pas de croire dans vos désirs et pour « faire au mieux », imaginez
le meilleur !